L’association du figuier et de l’olivier dans un même espace de culture représente une pratique ancestrale méditerranéenne qui combine avantages agronomiques, écologiques et productifs. Cette synergie entre deux espèces emblématiques du bassin méditerranéen mérite une approche technique précise pour optimiser les bénéfices mutuels.
Compatibilité biologique des deux espèces

Exigences climatiques similaires
Le figuier (Ficus carica) et l’olivier (Olea europaea) partagent des besoins climatiques remarquablement compatibles. Ces deux espèces thermophiles s’épanouissent dans des conditions méditerranéennes caractérisées par des étés chauds et secs et des hivers doux. La rusticité du figuier s’étend jusqu’à -15°C pour les variétés les plus résistantes, tandis que l’olivier supporte des températures descendant jusqu’à -10°C selon les cultivars.
Adaptation aux sols calcaires
Les deux espèces démontrent une excellente adaptation aux sols calcaires et bien drainés, caractéristiques des terroirs méditerranéens. Le pH optimal se situe entre 7 et 8,5 pour les deux cultures, facilitant leur cohabitation sur un même terrain. Cette compatibilité pédologique élimine les contraintes d’amendement différencié du sol.
Résistance à la sécheresse
La capacité de résistance à la sécheresse constitue un atout majeur de cette association. L’olivier, grâce à son système racinaire profond et étendu, peut puiser l’eau à des profondeurs importantes. Le figuier, quant à lui, développe un enracinement superficiel mais dense qui optimise la récupération des précipitations estivales.
Avantages agronomiques de l’association
Complémentarité racinaire
L’association figuier-olivier présente une complémentarité racinaire remarquable. Le système racinaire de l’olivier, caractérisé par une racine pivotante profonde et un réseau de racines traçantes, explore les couches profondes du sol. Le figuier développe principalement un système racinaire superficiel et étalé, exploitant efficacement les horizons supérieurs. Cette stratification naturelle évite la concurrence directe pour les ressources hydriques et nutritives.
Amélioration de la structure du sol
La présence combinée des deux espèces favorise l’amélioration de la structure du sol. Les racines profondes de l’olivier créent des canaux de drainage naturels, tandis que le système racinaire superficiel du figuier contribue à la stabilisation des horizons de surface. Cette action mécanique combinée améliore la porosité et la perméabilité du sol.
Optimisation de l’utilisation de l’espace
La forme naturellement étalée du figuier et le port plus vertical de l’olivier permettent une utilisation optimale de l’espace vertical et horizontal. Cette configuration spatiale maximise l’interception lumineuse tout en réduisant la concurrence pour l’espace aérien.
Bénéfices écologiques et protection mutuelle
Création d’un microclimat favorable
L’association des deux espèces génère un microclimat bénéfique. Le feuillage dense du figuier procure une ombre partielle à l’olivier durant les périodes de forte chaleur estivale, réduisant le stress hydrique. Simultanément, la structure plus aérée de l’olivier facilite la circulation de l’air, limitant les risques de développement de pathogènes fongiques.
Protection contre les vents desséchants
La plantation groupée offre une protection mutuelle contre les vents desséchants. Le figuier, avec son feuillage large et dense, constitue un écran efficace contre les vents dominants, protégeant ainsi l’olivier des dessications brutales. Cette protection s’avère particulièrement précieuse lors des vents d’automne et de printemps.
Attraction de la biodiversité auxiliaire
L’association figuier-olivier favorise l’installation d’une faune auxiliaire diversifiée. Les fruits du figuier attirent de nombreux oiseaux insectivores qui contribuent à la régulation naturelle des ravageurs de l’olivier. Cette biodiversité fonctionnelle réduit la nécessité d’interventions phytosanitaires.
Méthodes de plantation et d’implantation
Distances de plantation optimales
La distance de plantation entre figuier et olivier doit respecter le développement naturel des deux espèces. Pour un olivier adulte, prévoyez un espacement de 4 à 6 mètres avec le figuier, selon la vigueur des variétés choisies. Cette distance permet à chaque arbre de développer sa couronne sans concurrence excessive pour la lumière.
Orientation et exposition
L’orientation de la plantation joue un rôle crucial dans le succès de l’association. Positionnez le figuier du côté sud-ouest de l’olivier pour maximiser l’effet de protection contre les vents chauds tout en préservant l’exposition solaire optimale des deux espèces. Cette configuration favorise une maturation homogène des fruits des deux arbres.
Préparation du terrain
La préparation du terrain nécessite une attention particulière à la topographie et au drainage. Créez une légère pente (2 à 3%) pour faciliter l’évacuation des eaux de surface. Le travail du sol doit être effectué sur 60 à 80 cm de profondeur pour permettre l’enracinement optimal des deux espèces.
Techniques de gestion de l’eau
Système d’irrigation adapté
L’irrigation de l’association figuier-olivier requiert une approche différenciée selon les besoins spécifiques de chaque espèce. L’olivier nécessite un apport hydrique modéré mais régulier, particulièrement durant la formation des fruits. Le figuier demande des arrosages plus abondants durant la phase de développement des figues.
Méthodes d’économie d’eau
La mise en place d’un paillis organique autour des deux arbres constitue une technique essentielle pour économiser l’eau. Utilisez des copeaux de bois ou des déchets de taille broyés sur une épaisseur de 10 cm, en maintenant une distance de 30 cm autour du tronc pour éviter les risques de pourriture.
Récupération des eaux pluviales
L’installation d’un système de récupération des eaux pluviales optimise l’autonomie hydrique de l’association. Les toitures environnantes peuvent alimenter une citerne de 1000 à 2000 litres, dimensionnée selon la pluviométrie locale et les besoins des arbres.
Gestion nutritionnelle intégrée
Fertilisation adaptée aux deux espèces
La fertilisation de l’association figuier-olivier doit tenir compte des besoins spécifiques de chaque espèce. L’olivier requiert un apport modéré en azote (80 à 120 g par arbre adulte) et une supplémentation en potassium pour la qualité des fruits. Le figuier nécessite des apports plus importants en azote (150 à 200 g par arbre) pour soutenir sa croissance végétative importante.
Amendements organiques
L’incorporation d’amendements organiques bénéficie aux deux espèces. Apportez annuellement 20 à 30 kg de compost bien décomposé par arbre, répartis en surface sous la couronne. Cette pratique améliore la structure du sol et fournit une libération progressive des éléments nutritifs.
Période d’apport optimal
Les apports nutritifs s’effectuent préférentiellement en fin d’hiver, avant le démarrage de la végétation. Cette période permet une assimilation optimale des éléments par les systèmes racinaires des deux espèces lors de la reprise d’activité.
Outils et équipements recommandés
Outillage de plantation
- Bêche à dents pour le travail du sol
- Pioche pour la préparation des trous de plantation
- Sécateur professionnel pour la taille de formation
- Arrosoir de grande capacité ou système d’irrigation localisée
- Transplantoir pour les jeunes plants
Équipement de protection
- Gants de protection renforcés
- Lunettes de sécurité pour les travaux de taille
- Chaussures de sécurité à semelle crantée
- Vêtements de protection contre les branches
Matériel de mesure
- pH-mètre pour contrôler l’acidité du sol
- Hygromètre pour surveiller l’humidité
- Mètre ruban pour respecter les distances de plantation
- Niveau à bulle pour vérifier les pentes
Périodes d’intervention optimales
Plantation
La période optimale de plantation s’étend d’octobre à mars, en évitant les périodes de gel. La plantation d’automne permet un enracinement progressif avant l’été suivant. Dans les régions aux hivers rigoureux, privilégiez la plantation printanière après les dernières gelées.
Taille de formation
La taille de formation s’effectue durant la période de repos végétatif, de décembre à février. Cette intervention structure la charpente des jeunes arbres et favorise un développement équilibré des deux espèces.
Interventions d’entretien
Les interventions d’entretien (irrigation, fertilisation, surveillance sanitaire) s’échelonnent tout au long de la saison de végétation, avec une intensification durant la période de croissance active (avril à septembre).
Variétés recommandées pour l’association
Cultivars d’olivier adaptés
- ‘Picholine’ : variété rustique et productive
- ‘Lucques’ : excellente résistance au froid
- ‘Bouteillan’ : adaptation remarquable aux sols calcaires
- ‘Frantoio’ : vigueur modérée facilitant l’association
Variétés de figuier compatibles
- ‘Ronde de Bordeaux’ : rusticité et productivité
- ‘Grise de la Saint-Jean’ : précocité et qualité gustative
- ‘Violette Dauphine’ : résistance aux maladies
- ‘Brunswick’ : vigueur modérée et fructification abondante
Surveillance sanitaire intégrée
Ravageurs communs
La surveillance sanitaire doit porter une attention particulière aux ravageurs susceptibles d’affecter les deux espèces. La mouche de l’olivier (Bactrocera oleae) et la teigne du figuier (Choreutis nemorana) nécessitent des interventions préventives spécifiques.
Maladies fongiques
Les conditions de microclimat créées par l’association peuvent favoriser certaines maladies fongiques. La surveillance de l’œil de paon sur olivier et de la rouille du figuier requiert des observations régulières, particulièrement durant les périodes humides.
Lutte biologique intégrée
L’association figuier-olivier favorise naturellement la lutte biologique par l’attraction d’auxiliaires. Encouragez cette biodiversité fonctionnelle par l’installation de nichoirs et la préservation des habitats naturels périphériques.
Conseil expert et résultat attendu
L’association figuier-olivier, lorsqu’elle est conduite selon les principes techniques exposés, génère une synergie productive remarquable. Cette pratique ancestrale, optimisée par les connaissances agronomiques modernes, permet d’obtenir des rendements supérieurs à ceux observés en monoculture, tout en créant un écosystème résilient et durable.
Le résultat attendu de cette association se traduit par une productivité accrue des deux espèces, une meilleure résistance aux stress climatiques et une réduction significative des interventions phytosanitaires. À long terme, cette pratique contribue à la création d’un verger méditerranéen authentique, productif et respectueux de l’environnement, perpétuant ainsi une tradition millénaire adaptée aux enjeux contemporains de l’agriculture durable.